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Aéroport international de Dulles
9 h 17
La réunion avait été brève. Le fiasco total auquel Riggins s’attendait.
En grande partie parce qu’il ne leur avait pas dit – il ne le pouvait pas – ce qu’ils souhaitaient entendre. Personne ne voulait se charger de la traque de Sqweegel.
Mais le ministre de la Défense avait envenimé la situation en s’en prenant à Riggins devant Constance, le personnel administratif de la DAS, le général italien Costanza, le général français Saint-Pierre et le ministre japonais Yako. Tous étaient les grands chefs des agences de lutte contre la criminalité dans chacun de leurs pays. Cela revenait à se faire remonter les bretelles devant le monde entier.
Ces trois pays avaient donc promptement rempoché le pactole de 25 millions de dollars qu’ils proposaient.
Robert Dohman – l’exécuteur des basses œuvres du ministre de la Défense – accompagnait à présent Riggins sur le tarmac vers le Boeing C-32 qui naviguait sous le matricule d’Air Force Two. Avec ses babillages, Dohman se vautrait lamentablement s’il essayait de dire des amabilités ; s’il avait l’intention d’agacer Riggins, il réussissait admirablement.
— Alors, comme ça, personne n’a accepté la proposition ? fit-il.
— Je me doute bien que vous avez entendu ce qui s’est passé durant la téléconférence, Dohman, sourit faiblement Riggins. Votre chef ne vous laisse pas à ce point dans l’ignorance.
— Vous avez parlé du bonus ?
— Oui, étant donné que c’était l’élément clé de la proposition.
— Et personne n’a mordu à l’hameçon ? Aucun de vos agents n’a envie d’empocher 25 millions de dollars ?
Dohman avait les sourcils en broussaille, des cheveux fins soigneusement plaqués sur sa calvitie et une peau mangée par les taches de rousseur. Un attaché-case en cuir noir était menotté à son énorme poignet.
Ce con sait parfaitement ce qui s’est passé durant cette désastreuse téléconférence. Riggins avait dû avouer que personne n’acceptait l’offre. Le ton était monté, et tout le monde avait quitté la salle furibard, Riggins y compris.
Évidemment, le général Costanza, l’Italien, n’avait pas pu s’empêcher de mentionner le nom de Dark, ce qui avait mis le ministre de la Défense en rage. Combien de fois fallait-il le répéter ? Dark était hors-jeu. Considéré comme mort, en tout cas pour la DAS.
Riggins se disait parfois qu’il aurait fallu arrêter Dark, étant donné tous les actes répréhensibles qu’on le soupçonnait d’avoir commis après avoir quitté la division.
Quoi qu’il en soit, le ministre n’avait pas cru Riggins. Car, un instant plus tard, Dohman venait personnellement le chercher pour l’emmener à l’aéroport. Le ministre de la Défense partait sur la côte ouest et avait proposé que Riggins l’accompagne.
Proposé. Comme lorsqu’on dit que l’arbitre a « proposé » de renvoyer un joueur sur le banc de touche.